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La Famille

À l'origine, La Famille évangélique. c'est le premier asile fondé par John Bost.

« Asile ouvert à de jeunes filles orphelines, issues d'unions illégitimes, filles d'artisans, de veufs pauvres, de protestants disséminés ».

Inauguration : le 24 mai 1848, par le pasteur Frédéric Monod (voir biographie : Musée protestant)

Ce jour-là est considéré comme le jour de la fondation des Asiles de Laforce, devenue aujourd'hui Fondation John Bost.

Origines des Asiles de Laforce par John Bost (1878)

Si la fondation m'était contée : La famille, par Ariane Dahan (vidéo)

La Famille évangélique : monographie historique par E. Körnig, in Notre prochain (1970)

La Famille : plan du rez-de-chaussée, par l'agent-voyer de Laforce, Biras (XIXe)


Rapport sur les Asiles de Laforce
(1878)
La Famille

Asiles pour des jeunes filles :
1° orphelines ;
2° placées dans un mauvais entourage ;
3° de protestants disséminés.



Cet Asile reçoit l'orpheline de tout âge : les jeunes filles exposées dès leur plus tendre enfance aux dangers de la corruption, des filles d'artisans veufs, de veuves placées dans des situations difficiles.


Avons-nous besoin de plaider cette cause ? L'orpheline ! que ce mot est douloureux ! Une jeune fille laissée seule dans ce monde, ayant dit un dernier adieu à un père, à une mère, qui semblaient lui être indispensables ! Les faits qui nous entourent ne nous révèlent-ils pas tous les jours ce que deviennent tant d'orphelines qui, après avoir lutté contre le mal, ont succombé et se sont créé un foyer domestique indigne de ce nom ? Elles le reconnaissent : « Personne ne veillait sur moi, j'étais abandonnée, je n'avais plus ma mère », se sont-elles écriées. Ah ! pitié pour l'orpheline !


la Famille reçoit aussi des jeunes filles appartenant à de tristes parents, ou qui n'ont jamais connu leur père, Nous avons vu des mères pleurant leur passé, et nous demandant instamment de les aider à retirer leur fille d'un entourage qui leur avait été funeste à elles-mêmes. Fallait-il refuser d'admettre ces jeunes filles ? nous avions la certitude qu'elles seraient perdues sans cela, et un sujet de honte peut-être pour des familles honorables.


Nous ne pouvons entrer dans des détails : qu'il nous suffise d'affirmer que jamais nous n'avons eu à regretter d'avoir admis ces jeunes filles. Par elles, dans plusieurs cas, il nous est arrivé de voir la mère ramenée sur le sentier de la vertu et aux pieds de Celui qui a dit : « Je ne te condamne pas, va et ne pèche plus. » Nous déclarons, pour la justification de notre œuvre, que jamais nous ne recevrons de jeunes filles dont la moralité sera suspecte.


Nos Directrices veillent avec soin sur ces enfants. N'est-il pas écrit : « Plusieurs de ceux qui étaient les derniers seront les premiers ? Au dernier congrès tenu a Genève, le sort de ces créatures abandonnées a soulevé une sympathie unanime : depuis lors, des associations nombreuses se sont formées pour leur venir en aide, Qui sait si un jour la Famille n'annoncera pas à ses bienfaiteurs qu'elle n'a pas reçu de demande d'admission pour une catégorie de jeunes filles qui n'existe plus ?


Il nous reste enfin a rappeler à nos amis que la Famille ouvre ses portes à des jeunes filles d'artisans, veufs ou veuves. Pendant que nous traçons ces lignes, il nous arrive une lettre dont nous citons le passage suivant : « … Je suis plus malheureuse qu'une veuve : mon mari m'a abandonnée, Je suis sans ressources et désire me placer pour faire quelque ouvrage que ce soit. J'ai une fille de quatorze ans : on prendrait la mère, mais on ne veut pas la fille, et moi, j'aimerais mieux mourir que de l'abandonner. De grâce, prenez ma fille, je payerai tout ce que je gagnerai. Ayez pitié de nous deux ! »


Des artisans veufs nous ont confié leurs filles. De grand matin le père était à l'atelier et ne rentrait chez lui que le soir. Ces jeunes filles étaient livrées a elles-mêmes.


C'est dans ces humbles demeures de l'ouvrier, où la mère n'est plus, que se recrute une partie de notre Famille.


Vous avez compris l'œuvre de la Famille : vos cœurs ont parlé. Tous, vous avez reconnu la grandeur de la mission que nous avons a accomplir. Donner un asile à l'orpheline de tout âge, arracher des jeunes filles exposées dès leur plus tendre enfance aux dangers de la corruption : remplacer la mère dans la demeure de l'ouvrier resté veuf, n'est-ce pas justifier le titre que nous avons donné a cet asile « la Famille » ?


Que ne pouvons-nous mettre ici sous vos yeux les lettres de nos jeunes filles placées dans ce vaste monde, ou celles de leurs parents exprimant toute leur reconnaissance pour l'œuvre accomplie par la Famille !



ÉDUCATION, INSTRUCTION


C'est donc une famille de quatre-vingt-dix jeunes filles que nous avons à élever. La tâche est grande, mais elle est belle. Elles appartiennent presque toutes à la même classe de la société, et nous leur donnons, à quelques exceptions près, la même éducation.


Faire des femmes de ménage, voilà notre ambition. Dès leur entrée dans la Famille, nous cherchons à utiliser leur activité, à leur montrer qu'elles sont en apprentissage, et qu'elles nous doivent leur temps, De pauvres enfants nous sont parfois arrivées si faibles, si malades, que nous avons dû, avant toutes choses, refaire leur constitution. Il en est un grand nombre qui ne savaient rien : c'était de grands enfants à placer à la salle d'Asile pour leur apprendre à parler.


En règle générale nous leur donnons une bonne instruction primaire. À cet effet, nous avons augmenté le nombre des institutrices. Plus vite nous les sortirons de l'école, mieux ce sera. Elles ont à apprendre tant de choses qu'une femme déménage ou une servante doit savoir. Nous insistons surtout sur le calcul de tête. Quelques leçons sur l'histoire et la géographie de leur pays leur sont données. Les leçons de choses sont placées en première ligne. Nos filles vivent des réalités de la vie. Nous désirons les habituer aux objets dont elles seront appelées à se servir plus tard.


Servir et non être servies, considérer leurs directrices comme leurs maîtresses et non comme leurs servantes ou leurs camarades, telle est en un mot la base de notre système d'éducation, Nous avons cherché par là à tenir compte des objections qui ont été faites sur l'éducation donnée en général dans les orphelinats.


Dans la Famille chaque enfant est considérée comme un être moral et responsable. Elle sait que son avenir dépend de son activité et de son savoir : elle sait qu'elle n'est pas une machine, un numéro. Ce sentiment de la responsabilité personnelle, nous ne cessons de le développer en elles : s'il n'existe pas, nous avons échoué dans notre tâche, et n'avons devant nous qu'un être sans initiative à faire mouvoir, ou une créature d'un ordre inférieur à nourrir. L'enfant nous quittera étant impropre à tout service, et l'argent de nos bienfaiteurs aura été dépensé sans aucun profit : la Famille n'aurait pas sa raison d'être.


Dès que l'enfant sort de l'école elle est initiée à tous les travaux du ménage : entretien de la maison, des chambres des directrices, des sous-directrices ? service de la salle à manger. C'est dans la Famille qu'ont lieu toutes les réceptions, réunions des comités, inspections, etc. : elles se développent sous nos yeux, leur jugement se forme.


À l'ouvroir elles font toutes sortes d'ouvrages, la taille des vêtements, le montage, Nous insistons encore sur ce point : l'enfant n'est pas une simple machine à coudre : elle est tailleuse. Les étoffes lui sont fournies, elle doit remettre les vêtements terminés.


Le ravaudage n'est pas négligé : il occupe à l'ouvroir une place importante. Remettre à neuf ce qui était vieux, c'est l'art par excellence d'une bonne couturière. Elles ont une excellente occasion de l'apprendre en raccommodant une partie des vêtements de leurs petites camarades. C'est aussi dans la Famille que se confectionne presque toute la lingerie de Siloé et de Béthel. Nos jeunes filles vont faire les emplettes courantes de la Famille, soit seules, soit avec l'une de nos directrices, Elles s'habituent ainsi à lutter contre les difficultés qu'elles rencontrent dans le monde. Une fois sorties de chez nous, elles auront appris à se placer sous la surveillance de leur Dieu et de leur conscience. Aucun âge n'est fixé pour leur sortie de l'Asile. Nous désirons les placer aussitôt que possible : c'est leur intérêt que nous devons chercher, et non le nôtre.


L'état sanitaire est satisfaisant. À l'exception de quelques jeunes filles qui nous étaient arrivées malades, l'infirmerie a été rarement occupée.


Nous sommes réjouis par les nouvelles qui nous parviennent sur nos chères enfants répandues dans le vaste inonde. Elles ont conservé pour la Famille, une affection qui repose sur la vénération. C'est à leur séjour dans la Famille qu'elles attribuent leur salut, leur vie, leur bonheur.


Nous avons à ce jour quatre-vingt-dix jeunes filles.

Les Asiles de Laforce
(1878)
Carte postale de La Famille

Carte postale de La Famille

Carte postale de La Famille

La Famille : la cuisine

Asiles de Laforce : liste des bâtiments & résidents

La Famille - Béthesda - Ében-Hézer - Siloé - Béthel - Le Repos - La Retraite - La Miséricorde

Le temple des Asiles

Notice historique de la fondation des Asiles de Laforce par John Bost (1878)



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