La famille Noack est originaire d'Allemagne orientale.
Le nom Noack est d'origine slave, apparenté au tchèque Novak et désigne un nouveau venu (cf. anglais Newman).
Le nom d'épouse est parfois orthographié Noackin (le suffixe -in marque le féminin) sur certains actes officiels anciens.
Alphons Noack est né à Leipzig (Saxe). Il est docteur en médecine, et devient homéopathe. En 1844, il quitte l'Allemagne et s'installe à Lyon.
C'est le fils de Friedrich Noack, né à Langensalza (Thuringe) vers 1780, et de Marianne Lang, de Montbéliard (1786-1839). Il épouse Eugénie Schom, née comme sa mère à Montbéliard (1814-1899), issue de la famille Flamand.
Ce sont les parents de Rodolphe Noack (1838-1862), médecin homéopathe comme son père, Hermann Noack (1846-1918), industriel.
Dollfus & Noack
centenaire (1811-1911)
Mulhouse Sausheim & Valdoie Belfort
Hermann Noack est né le 16 mai 1846 à Lyon et mort le 8 février 1918 à Cannes, villa Stella.
Il épouse Marie Dollfus (1852-1930).
Ingénieur de l'école centrale, il reprend avec son beau-frère Édouard Dollfus, dans les années 1870, une fabrique de drap fondée par Jean-David Dettwiller à Mulhouse en 1811. L'entreprise s'installe en 1880 dans la commune voisine, sur le site du moulin de Sausheim (voir carte IGN). En 1894, l'entreprise porte le nom de Dollfus & Noack. En 1896, Hermann Noack est expulsé d'Alsace et s'installe à Valdoie (près de Belfort, voir carte IGN), où une nouvelle manufacture de draps, feutres et tissus est construite en 1898.
La fabrique de Sausheim est devenue en 2008 un centre culturel, l'Espace Dollfus & Noack (ED&N).
Hermann Noack et Marie Dollfus sont les parents de :
- Marguerite Noack (1875-1899) épouse en 1897 Georges Reuss (1861-1921), ingénieur des ponts et chaussées.
- Denise Reuss naît en 1899. La mère et la fille décèdent la même année.
- Lucy Noack (1878-1954) épouse en 1899 Émile Marchegay (1873-1915), ingénieur polytechnicien, mort pour la France.
- Odette Marchegay (1900-1965) épouse Maurice Petsche (1895-1951), député de Briançon. Après leur divorce, il deviendra ministre des finances et des affaires économiques (de 1949 à 1951) (voir Wikipédia).
- Yvonne Marchegay (1902-1993) épouse Baudoin de Neufville (1895-1979), président-directeur général de Dollfus & Noack.
• Espace Dollfus & Noack (ED&N)
• Ville de Sausheim : histoire
• Patrimoine en Bourgogne-Franche-Comté : usine de feutre Dollfus-Noack de Valdoie (aujourd'hui : zone d'activités du Bois d'Arsot)
• L'Inventaire région Provence : villa Stella, Cannes (entièrement reconstruite en 1909 par l'architecte cannois Henri Stoecklin pour Hermann Noack)
Espace Dollfus & Noack, à Sausheim, près de Mulhouse
(voir carte IGN)
Dollfus & Noack, Sausheim près Mulhouse & Valdoie près Belfort
Usine Dollfus & Noack, au Valdoie près Belfort
(voir carte IGN)
Hermann Noack est expulsé d'Alsace-Lorraine en janvier 1896. Lors d'une fête privée, à son domicile, il avait affiché une représentation du monument Quand même, sculpté par Antonin Mercié en 1882. L'original est érigé à Belfort. Il présente une Alsacienne, tournant le dos à l'Allemagne (la statue a changé de place depuis), soutenant, d'une main, un mobile blessé et, de l'autre, brandissant son fusil. Figurent les inscriptions, au pied de la statue, « Quand même » et sur le socle, « Aux défenseurs de Belfort ».
Le même monument était élevé dans le jardin des Tuileries.
Belfort faisait partie du département du Haut-Rhin avant la guerre de 1870.
Après son expulsion d'Alsace, Hermann Noack fait construire une nouvel établissement à Belfort.
• Clés pour l'histoire Bourgogne-Franche-Comté : le monument Quand-même (Belfort)
L'affaire Noack
Je ne vous ai pas encore parlé de l'affaire Noack qui, pendant plusieurs jours, a fait pas mal de bruit. Il s'agit de l'expulsion d'un chef d'industrie de Mulhouse qui a commis le crime impardonnable aux yeux de l'autorité de donner, dans l'intimité de son domicile, devant des invités, une représentation de tableaux vivants reproduisant le groupe Quand même. M. Noack, vendu par un de ses hôtes, a été expulsé d'Alsace-Lorraine parce que, disait un communiqué officiel, il a abusé en sa qualité de sujet de l'hospitalité allemande.
Évidemment il y avait quelque imprudence de la part de M Noack, qui l'a reconnu lui-même après coup, à donner une représentation de ce genre dans le pays de la dictature et des lois d'exception. Mais l'administration, de son côté, a volontairement accordé une trop grande importance à cet incident ; elle a surtout eu le grand tort de ne pas respecter l'inviolabilité de la vie privée et de sévir à la suite d'une dénonciation qui est en somme une trahison. M. Noack paye chèrement son dilettantisme; mais, du coup, son expulsion prive la cité mulhousienne d'un industriel éminent.
Le Soleil, 23 février 1896
Alsace-Lorraine : L'expulsion de M. Noack-Dollfus
Au sujet de l'expulsion de M. Noack-Dollfus, que nous annoncions hier, on écrit de Mulhouse au Journal d'Alsace :
« La nouvelle de l'expulsion de M. Noack-Dollfus se confirme. M. Noack-Dollfus est l'un des chefs de la maison Dollfus & Noack, fondée M. Dollfus-Dettwiller, père et beau-père de MM. Dollfus et Noack. L'usine de MM. Dollfus et Noack est située aux environs de Sausheim. On y fabrique des articles pour tissage, articles dits manchons, des draps pour billard, des flanelles pour rouleaux d'impression, etc. M. Dollfus-Flach, fils de M. Dollfus-Dettwiller, souffrant depuis des années, s'est fixé à Paris il y a environ deux ans. Il a épousé Melle Flach, de Strasbourg. M. Noack-Dollfus est donc Ie seul chef de la maison, qui ressentira cruellement son départ.
M. Noack-Dollfus est vice-président de la Société industrielle ; il est aussi l'âme de la Société des tramways de Mulhouse. Il est né à Lyon, où son père exerçait la profession de médecin. L'expulsion serait due (ce que nous avons de la peine à croire) un incident qui se serait produit une soirée particulière donnée au mois de décembre par M. Noack-Dollfus dans ses appartements privés. »
L'Express de Mulhouse se contente de publier la note suivante qui lui a été communiquée par l'administration de la police :
« Par arrêté de M. le président de la Haute-Alsace, en date du 28 janvier de l'année courante, M. Hermann Noack, sujet français, né à Lyon, domicilié à Mulhouse, est expulsé du territoire d'Alsace-Lorraine, en vertu de l'article 7 de la loi du 3 décembre 1849. »
Suivant un autre de nos confrères le motif de l'expulsion serait que M. Noack-Dollfus, lors d'une fête qui a récemment donnée dans sa maison, aurait rappelé, dans un motif décorant la salle de bal, un monument patriotique français.
La République française, 2 février 1896
→ Alexandre Noack & ses enfants