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Jeux olympiques antiques

Larousse du XIXe siècle


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Jeux olympiques
Définitions du Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, de Pierre Larousse
Olympique
OLYMPIQUE adjectif
Qui appartient à la ville d'Olympie. Antiquité grecque.
Se dit des jeux qu'on célébrait tous les quatre ans à Olympie, et de tout ce qui concerne ces jeux : Jeux OLYMPIQUES. Victoire OLYMPIQUE. Lutteurs OLYMPIQUES.

« Il y avait quelque chose de grand dans les jeux olympiques, car c'était à la fois une fête nationale et une fête religieuse. »
(Guéroult)


« Vois-tu dans la carrière antique,
Autour des coursiers et des chars,
Jaillir la poussière olympique,
Qui les dérobe à nos regards ? »

Lamartine

Jeux olympiques
On appelait ainsi, dans l'ancienne Grèce, des jeux, célébrés tous les quatre ans en l'honneur de Zeus (Jupiter), dans l'enceinte sacrée d'Olympie. Ces jeux, institués, selon la légende hellénique, par Hercule, furent, après une longue interruption, rétablis, d'après les conseils de Lycurgue, par le roi Iphitos ; mais ce ne fut que cent huit ans plus tard que fût ouvert le registre public sur lequel furent inscrits les noms des vainqueurs à la course ; le premier qui fut inscrit se nommait Corebos, et c'est de cette époque seulement que l'on commença à compter par olympiades. On procédait aux jeux Oympiques par un décret qui suspendait toute hostilité s'il y avait lieu. Si des troupes entraient alors dans la terre sacrée d'Olympie, elles étaient condamnées, nous apprend Thucydide, à une amende de deux mines par soldat. La police des jeux appartenait aux Éléens, qui en réglaient l'ordre, veillaient à l'équité des jugements et interdisaient le concours aux nations étrangères à la confédération hellénique, et même à celles des cités grecques accusées d'avoir violé les règlements faits pour maintenir l'ordre pendant les fêtes. Hérodote raconte que les Éléens envoyèrent autrefois des députés chez les Égyptiens pour savoir des sages de cette nation si, en rédigeant les règlements des jeux, ils n'avaient rien oublié, et qu'il leur fut répondu qu'ils avaient oublié de s'exclure eux-mêmes du concours, point essentiel puisqu'ils en étaient les juges. Malgré la réponse des sages de l'Égypte, les Éléens furent admis au concours et ils y obtinrent assez souvent le prix. Nous allons décrire les jeux tels qu'ils furent célébrés vers la Cème olympiade, c'est-à-dire dans leur état de complète perfection. À chaque olympiade, on tirait au sort les juges ou présidents des jeux ; on en prenait un dans chaque tribu, ce qui donnait un total de huit magistrats. Ils s'assemblaient à Élis, dix mois avant la célébration des jeux, et employaient tout ce temps à s'instruire de leurs fonctions auprès des dépositaires et des interprètes de la règle. Ils exerçaient en même temps les athlètes venus de toutes parts pour se faire inscrire.
Déroulement
On sait l'importance de l'athlète dans la civilisation hellénique. Les arts les plus nobles se mettaient au service de l'éphèbe vainqueur : Pindare le chantait, Phidias le sculptait. L'école dorienne surtout se consacrait presque exclusivement la représentation sculptée des vainqueurs d'Olympie. Tous les peuples de la confédération hellénique accouraient à ces grandes fêtes patriotiques ; mais les femmes n'y étaient pas admises ; la peine était terrible pour celles qui osaient enfreindre cette loi : on les précipitait du haut d'un rocher. Une seule exception avait été introduite à cette loi sévère en faveur des prêtresses, qui, pendant certains exercices, occupaient une place qui leur avait été assignée.

« Le premier jour des fêtes, dit Barthélémy, tombe au onzième jour du mois hécatombéon, qui commence à la nouvelle lune, pendant le solstice d'été ; elles durent cinq jours ; à la fin du dernier, qui est celui de la pleine lune, se fait la proclamation solennelle des vainqueurs. C'est le soir que la solennité commençait. Elle s'ouvrait par des sacrifices offerts dans le temple de Jupiter Olympien et dans tous les sanctuaires de la cité. Tous les temples étaient ornés de festons et de guirlandes, et arrosés, selon les rites, du sang des victimes. »

« On commençait, dit Pausanias, par le grand autel de Jupiter, placé entre le temple de Junon et l'enceinte de Pélops. C'est le principal objet de la dévotion des peuples ; c'est là que les Éléens offrent tous les jours des sacrifices. Les cérémonies se prolongeaient fort avant dans la nuit et se faisaient au son des instruments, à la clarté de la lune approchant de son plein, avec un ordre et une magnificence propres à inspirer à la fois la surprise et le respect. »

Stade olympique
La carrière olympique se divisait en deux parties : le stade et l'hippodrome. Le stade est une chaussée de 600 pieds de longueur et d'une largeur proportionnée ; c'est là que se font les courses à pied et que se donnent la plupart des combats. L'hippodrome est destiné aux courses des chars et des chevaux. Un de ses côtés s'étend sur une colline ; l'autre côté, un peu plus long, est formé par une chaussée ; sa largeur est de 600 pieds, sa longueur du double ; il est séparé du stade par un édifice qu'on appelle barrière. C'est un portique devant lequel est une cour spacieuse, faite en forme de proue de navire, dont les murs vont en se rapprochant l'un de l'autre et laissent à leur extrémité une ouverture assez grande pour que plusieurs chars y passent à la fois. Dans l'intérieur de cette cour, on a construit, sur différentes lignes parallèles, des remises pour les chars et les chevaux. Le stade et l'hippodrome étaient ornés de statues, d'autels et d'autres monuments : on y affichait l'ordre des combats qui devaient se donner. Assez généralement on consacrait les matinées aux exercices légers, c'est-à-dire aux différentes espèces de courses, et l'on réservait pour les après-midi les exercices violents, tels que la lutte, le pugilat, etc.

Le jour où les jeux devaient commencer, les athlètes se rendaient, dès le point du jour, dans la chambre du sénat où siégeaient les huit présidents des jeux en habits magnifiques et revêtus des insignes de leur dignité. Là, au pied d'une statue de Jupiter et sur les membres sanglants des victimes, les athlètes prenaient les dieux à témoin qu ils s'étaient exercés pendant dix mois aux combats auxquels ils allaient se livrer. Ils promettaient de ne point user de ruse ; leurs parents et leurs amis faisaient le même serment. Cette cérémonie achevée, les athlètes se rendaient au stade, s'y dépouillaient entièrement de leurs vêtements, chaussaient des brodequins et se faisaient frotter d'huile par tout le corps. Aussitôt que les présidents ont pris place, un héraut s'écrie :

« Que les coureurs du stade se présentent. »

Les concurrents se placent alors sur une ligne suivant le rang que le sort leur a assigné. Le héraut proclame leurs noms et ceux de leur patrie, et ajoute cette formule :

« Quelqu'un peut-il reprocher à ces athlètes d'avoir été dans les fers ou d'avoir mené une vie honteuse ? »

Puis, si nulle réponse ne sort de la foule, la trompette donne le signal. Les coureurs s'élancent et s'arrêtent à la borne où se tiennent les présidents des jeux. Un héraut proclame le nom du vainqueur. Cette sorte de course était la plus simple et la plus ancienne. On faisait aussi courir ensemble des enfants de moins de douze ans, et des hommes portant un casque, un bouclier et de lourdes bottines. Certains champions devaient parcourir le double stade, c'est-à-dire qu'après avoir atteint le but et doublé la borne ils devaient retourner au point de départ ; d'autres fournissaient douze fois la longueur du stade.

Hippodrome
L'hippodrome était le lieu où se faisait la course des chevaux et celle des chars. Les riches, comme le fait observer Isocrate, pouvaient seuls livrer ces combats qui exigeaient de grandes dépenses. Les riches couraient ou faisaient courir, car on n'était pas obligé de disputer soi-même le prix des chars. Les rois, les républiques envoyaient des chevaux et des cochers, et l'on trouve sur la liste des vainqueurs Pausanias, roi de Sparte ; Archelaus, roi de Macédoine ; Gélon et Hiéron, rois de Syracuse, Théron, roi d'Agrigente, qui certainement ne concoururent pas en personne. Alcibiade envoya une fois sept chars dans la carrière et remporta le premier, le second et le quatrième prix. Pausanias décrit le mécanisme qui servait à donner aux chars le signal du départ. L'appareil consistait en un dauphin de bronze placé au commencement de la lice et en un aigle de même métal posé sur un autel au milieu de la barrière. Au moment du départ, le dauphin s'abaissait et se cachait dans la terre, l'aigle s'élevait, les ailes déployées, et se montrait aux spectateurs. Au tournant, les chars rencontraient une borne ; plus d'un venait s'y heurter, et Horace signale comme un insigne bonheur d'avoir su l'éviter : Metaque fervidis evilata rôtis. Les courses des chars étaient exécutées par des biges attelés de chevaux, de poulains, conduits par des hommes, par des enfants.

La course à quatre chevaux était la dernière et la plus brillante.

« Pour en voir les préparatifs, raconte Anacharsis, nous entrâmes dans la barrière ; nous y trouvâmes plusieurs chars magnifiques, retenus par des câbles qui s'étendaient le long de chaque file, et qui devaient tomber l'un après l'autre. Ceux qui les conduisaient n'étaient vêtus que d'une étoffe légère. Leurs coursiers, dont ils pouvaient à peine modérer l'ardeur, attiraient tous les regards par leur beauté, quelques-uns par les victoires qu'ils avaient déjà remportées. Dès que le signal fut donné, ils s'avancèrent jusqu'à la seconde ligne, et, s'étant ainsi réunis avec les autres lignes, ils se présentèrent tous de front au commencement de la carrière. Dans l'instant on les vit, couverts de poussière, se croiser, se heurter, entraîner les chars avec une rapidité que l'œil avait peine à suivre. Leur impétuosité redoublait quand ils se trouvaient en présence de la statue d'un génie qui, dit-on, les pénètre d'une terreur secrète ; elle redoublait lorsqu'ils entendaient le son bruyant des trompettes placées auprès d'une borne fameuse par les naufrages qu'elle occasionne. Posée dans la largeur de la carrière, elle ne laisse pour le passage des chars qu'un défilé assez étroit, où l'habileté des guides vient très souvent échouer. Le péril est d'autant plus redoutable qu'il faut doubler la borne jusqu'à douze fois ; car on est obligé de parcourir douze fois la longueur de l'hippodrome, soit en allant, soit en revenant. »

Sports de combat

La lutte était le plus simple de ces exercices : elle consistait à jeter son adversaire par terre et à le forcer de s'avouer vaincu. Les athlètes qui devaient concourir se tenaient dans un portique voisin, d'où on les faisait sortir, au moment de commencer, pour les amener devant les présidents des jeux. On rirait au sort l'ordre des combats et, par le sort aussi, on appareillait les combattants. Le nombre des lutteurs devait être impair, le dernier étant réservé pour combattre les vainqueurs des autres. Les athlètes se mettaient nus, se frottaient d'huile et se roulaient dans le sable. Ils s'approchent, dit Lucien, se mesurent des yeux et s'empoignent par les bras. Tantôt, appuyant leur front l'un contre l'autre, ils se poussent avec une action égale, paraissent immobiles et s'épuisent en efforts superflus ; tantôt ils s'ébranlent par des secousses violentes, s'entrelacent comme des serpents, s'allongent, se raccourcissent, se plient en avant, en arrière, sur les cotés ; une sueur abondante coule de leurs membres affaiblis ; ils respirent un moment, se prennent par le milieu du corps et, après avoir employé de nouveau la ruse et la force, l'un d'eux enlève son adversaire ; mais il plie sous le poids : ils tombent, se roulent dans la poussière et reprennent tour à tour le dessus. L'un des adversaires à la fin, par l'entrelacement de ses jambes et de ses bras suspend tous les mouvements de son adversaire, qu'il tient sous lui, le serre à la gorge et le force à lever la main pour marque de sa défaite, et la palme, toutefois, ne s'obtenait que lorsque le vainqueur avait deux fois au moins terrassé son rival et, ordinairement, ils en venaient trois fois aux mains.


Le pugilat était un exercice autrement terrible que la lutte. Les athlètes qui s'y livraient étaient appareillés par le sort de la même façon que lès lutteurs. Ils avaient la tête protégée par une calotte d'airain et leurs poings armés de gantelets formés de lanières de cuir croisées en tous sens. Cet exercice était toujours sanglant et souvent mortel. Les athlètes qui s'y livraient mouraient presque tous avant l'âge, et, dans la liste des vainqueurs aux jeux, remarque Aristote, on en retrouve à peine deux ou trois ayant remporté des prix dans leur enfance et dans un âge plus avancé. Vain remède à ces jeux barbares que la loi qui défend au vainqueur de tuer son adversaire, sous peine de perdre sa couronne. Du reste, cet exercice était le moins estimé de tous et on l'abandonnait aux gens du peuple. Le pancrace comprenait la lutte et le pugilat ; mais, dans ce dernier exercice, les poings étaient nus et portaient des coups moins dangereux ; la victoire dépendait surtout de la force qu'on mettait à serrer les doigts de son adversaire.

Pentathle
Le pentathle, comme son nom l'indique, comprenait cinq genres d'exercices : la lutte, la course, le saut, le jet du disque et celui du javelot.

« Dans ce dernier exercice, il suffit, dit Barthélémy, de lancer le javelot et de frapper au but proposé. Les disques ou palets sont des masses de métal ou de pierre, de forme lenticulaire, très lourdes, dont la surface est polie, ce qui les rend difficiles a saisir. On en conserve trois à Olympie, qu'on présente à chaque renouvellement des jeux, et dont l'un est percé d'un trou pour y passer une courroie. L'athlète, placé sur une petite élévation qui existe dans le stade, tient le palet avec sa main, l'agite circulairement et le lance de toutes ses forces : le palet vole dans les airs, tombe et roule dans la lice. On marque l'endroit où il s'arrête, et c'est à le dépasser que tendent les etforts successifs des autres athlètes. »


L'exercice du saut se pratiquait au son de la flûte, qui, en y ajoutant le rythme, le faisait participer de la danse. Le scoliaste d'Aristophane cite un sauteur qui s'éleva en l'air à une hauteur de 50 pieds. C'est peu croyable, malgré les contrepoids que les athlètes tenaient dans leurs mains et qui leur donnaient le moyen de franchir un grand espace. Le prix du pentathle, le plus estimé de tous puisqu'il renfermait dans son ensemble l'objet entier de la gymnastique, se décernait aux athlètes qui avaient triomphé au moins dans les trois premiers combats auxquels ils avaient pris part.

Vainqueurs
Le dernier jour des fêtes était destiné à couronner les vainqueurs. Des sacrifices solennels précédaient la cérémonie, qui avait lieu dans un bois sacré. Les présidents des jeux, suivis des vainqueurs, se rendaient ensuite au théâtre aux sons de la flûte. Là, un hymne était chanté eu l'honneur des vainqueurs. Le célèbre Archiloque avait composé un grand nombre de ces hymnes ; il nous reste ceux de Pindare. Les couronnes des vainqueurs étaient cueillies à un arbre situé derrière le temple de Jupiter Olympien. Une légende hellénique témoigne de la joie et de l'ivresse que ces triomphes inspiraient ; elle raconte que Chilon, un sage y était mort de bonheur en embrassant son fils victorieux. Cicéron rapporte un autre fait du même genre.

« Diagôras de Rhodes, dit-il dans ses Tusculanes, amena aux jeux Olympiques deux de ses enfants qui, ayant mérité la couronne, la posèrent sur la tête de leur père et portèrent ce vieillard en triomphe au milieu des spectateurs, qui lui jetaient des fleurs et lui, disaient : « Meurs Diagôras, car tu n'as rien à désirer » Aussitôt Diagôras expira. »

L'athlète vainqueur avait une position éclatante dans le monde hellénique : souvent l'État lui fournissait une honnête subsistance. La poésie, la sculpture célébraient ses hauts faits ; les chevaux vainqueurs avaient eux-mêmes de l'avoine dorée pour leur vieillesse et des pyramides après leur mort.

Grand dictionnaire universel du XIXe siècle
(1866-1877)

Jeux olympiques : article de l'Encyclopédie de Diderot & d'Alembert (XVIIIe)

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