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ou Dictionnaire raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers

dirigée par Diderot & d'Alembert
(XVIIIe siècle)
Étymologie (III) Principes de critique pour apprécier la certitude des étymologies

La marche de la critique est l'inverse, à quelques égards, de celle de l'invention : toute occupée de créer, de multiplier les systèmes et les hypotheses, celle-ci abandonne l'esprit à tout son essor, et lui ouvre la sphere immense des possibles ; celle-là au contraire ne paroît s'étudier qu'à détruire, à écarter successivement la plus grande partie des suppositions et des possibilités ; à rétrécir la carriere, à fermer presque toutes les routes, et à les réduire, autant qu'il se peut, au point unique de la certitude et de la vérité. Ce n'est pas à dire pour cela qu'il faille séparer dans le cours de nos recherches ces deux opérations ; comme nous les avons séparées ici, pour ranger nos idées sous un ordre plus facile : malgré leur opposition apparente, elles doivent toûjours marcher ensemble dans l'exercice de la méditation ; et bien loin que la critique, en modérant sans-cesse l'essor de l'esprit, diminue sa fécondité, elle l'empêche au contraire d'user ses forces, et de perdre un tems utile à poursuivre des chimeres : elle rapproche continuellement les suppositions des faits ; elle analyse les exemples, pour réduire les possibilités et les analogies trop générales qu'on en tire, à des inductions particulieres, et bornées à certaines circonstances : elle balance les probabilités et les rapports éloignés, par des probabilités plus grandes et des rapports plus prochains. Quand elle ne peut les opposer les uns aux autres, elle les apprécie ; où la raison de nier lui manque, elle établit la raison de douter. Enfin elle se rend très-difficile sur les caracteres du vrai, au risque de le rejetter quelquefois, pour ne pas risquer d'admettre le faux avec lui. Le fondement de toute la critique est un principe bien simple, que toute vérité s'accorde avec tout ce qui est vrai ; et que réciproquement ce qui s'accorde avec toutes les vérités, est vrai : de-là il suit qu'une hypothese imaginée pour expliquer un effet, en est la véritable cause, toutes les fois qu'elle explique toutes les circonstances de l'effet, dans quelque détail qu'on analyse ces circonstances ; et qu'on développe les corollaires de l'hypothèse. On sent aisément que l'esprit humain ne pouvant connoître qu'une très-petite partie de la chaîne qui lie tous les êtres, ne voyant de chaque effet qu'un petit nombre de circonstances frappantes, et ne pouvant suivre une hypothèse que dans ses conséquences les moins éloignées, le principe ne peut jamais recevoir cette application complete et universelle, qui nous donneroit une certitude du même genre que celle des Mathématiques. Le hasard a pû tellement combiner un certain nombre de circonstances d'un effet, qu'elles correspondent parfaitement avec la supposition d'une cause qui ne sera pourtant pas la vraie. Ainsi l'accord d'un certain nombre de circonstances produit une probabilité, toûjours contrebalancée par la possibilité du contraire dans un certain rapport, et l'objet de la critique est de fixer ce rapport. Il est vrai que l'augmentation du nombre des circonstances augmente la probabilité de la cause supposée, et diminue la probabilité du hasard contraire, dans une progression tellement rapide, qu'il ne faut pas beaucoup de termes pour mettre l'esprit dans un repos aussi parfait que le pourroit faire la certitude mathématique elle-même. Cela posé, voyons ce que fait le critique sur une conjecture ou sur une hypothèse donnée. D'abord il la compare avec le fait considéré, autant qu'il est possible, dans toutes ses circonstances, et dans ses rapports avec d'autres faits. S'il se trouve une seule circonstance incompatible avec l'hypothèse, comme il arrive le plus souvent, l'examen est fini : si au contraire la supposition répond à toutes les circonstances, il faut peser celle-ci en particulier, discuter le plus ou le moins de facilité avec laquelle chacune se prêteroit à la supposition d'autres causes ; estimer chacune des vraisemblances qui en résultent, et les compter, pour en former la probabilité totale. La recherche des étymologies a, comme toutes les autres, ses regles de critique particulieres, relatives à l'objet dont elle s'occupe, et fondées sur sa nature. Plus on étudie chaque matiere, plus on voit que certaines classes d'effets se prêtent plus ou moins à certaines classes de causes ; il s'établit des observations générales, d'après lesquelles on exclut tout-d'un-coup certaines suppositions, et l'on donne plus ou moins de valeur à certaines probabilités. Ces observations et ces regles peuvent sans-doute se multiplier à l'infini ; il y en auroit même de particulieres à chaque langue et à chaque ordre de mots ; il seroit impossible de les renfermer toutes dans cet article, et nous nous contenterons de quelques principes d'une application générale, qui pourront mettre sur la voie : le bon sens, la connoissance de l'histoire et des langues, indiqueront assez les différentes regles relatives à chaque langue en particulier.


1°. Il faut rejetter toute étymologie, qu'on ne rend vraisemblable qu'à force de suppositions multipliées. Toute supposition enferme un degré d'incertitude, un risque quelconque ; et la multiplicité de ces risques détruit toute assûrance raisonnable. Si donc on propose une étymologie dans laquelle le primitif soit tellement éloigné du dérivé, soit pour le sens, soit pour le son, qu'il faille supposer entre l'un et l'autre plusieurs changemens intermédiaires, la vérification la plus sûre qu'on en puisse faire sera l'examen de chacun de ces changemens. L'étymologie est bonne, si la chaîne de ces altérations est une suite de faits connus directement, ou prouvés par des inductions vraisemblables ; elle est mauvaise, si l'intervalle n'est rempli que par un tissu de suppositions gratuites. Ainsi quoique jour soit aussi éloigné de dies dans la prononciation, qu'alfana l'est d'equus ; l'une de ces étymologies est ridicule, et l'autre est certaine. Quelle en est la différence ? Il n'y a entre jour et dies que l'italien giorno qui se prononce dgiorno, et le latin diurnus, tous mots connus et usités ; au lieu que fanacus, anacus, aquus pour dire cheval, n'ont jamais existé que dans l'imagination de Menage. Cet auteur est un exemple frappant des absurdités, dans lesquelles on tombe en adoptant sans choix, ce que suggere la malheureuse facilité de supposer tout ce qui est possible : car il est très-vrai qu'il ne fait aucune supposition dont la possibilité ne soit justifiée par des exemples. Mais nous avons prouvé qu'en multipliant à volonté les altérations intermédiaires, soit dans le son, soit dans la signification, il est aisé de dériver un mot quelconque de tout autre mot donné : c'est le moyen d'expliquer tout, et dès-lors de ne rien expliquer ; c'est le moyen aussi de justifier tous les mépris de l'ignorance.


2°. Il y a des suppositions qu'il faut rejetter, par ce qu'elles n'expliquent rien ; il y en a d'autres qu'on doit rejetter, parce qu'elles expliquent trop. Une étymologie tirée d'une langue étrangere n'est pas admissible, si elle rend raison d'une terminaison propre à la langue du mot qu'on veut éclaircir ; toutes les vraisemblances dont on voudroit l'appuyer, ne prouveroient rien, parce qu'elles prouveroient trop : ainsi avant de chercher l'origine d'un mot dans une langue étrangere, il saut l'avoir décomposé, l'avoir dépouillé de toutes ses inflexions grammaticales, et réduit à ses élémens les plus simples. Rien n'est plus ingénieux que la conjecture de Bochart sur le nom d'insula Britannica, qu'il dérive de l'hébreu Baratanac, pays de l'étain, et qu'il suppose avoir été donné à cette île par les marchands phéniciens ou carthaginois, qui alloient y chercher ce métal. Notre regle détruit cette étymologie : Britannicus est un adjectif dérivé, où la Grammaire latine ne connoît de radical que le mot britan. Il en est de même de la terminaison celtique magum, que Bochart fait encore venir de l'hébreu mohun, sans considérer que la terminaison um ou us (car magus est aussi commun que magum) est évidemment une addition faite par les Latins, pour décliner la racine celtique mag. La plûpart des étymologistes hébraïsans ont été plus sujets que les autres à cette faute ; et il faut avoüer qu'elle est souvent difficile à éviter, sur-tout lorsqu'il s'agit de ces langues dont l'analogie est fort compliquée et riche en inflexions grammaticales. Tel est le grec, où les augmens et les terminaisons déguisent quelquefois entierement la racine. Qui reconnoîtroit, par exemple, dans le mot ἧμμενος le verbe ἅπτω, dont il est cependant le participe très-régulier ? S'il y avoit un mot hébreu hemmen, qui signifiât comme ἧμμενος, arrangé ou joint, il faudroit rejetter cette origine pour s'en tenir à la dérivation grammaticale. J'ai appuyé sur cette espece d'écueil, pour faire sentir ce qu'on doit penser de ceux qui écrivent des volumes d'étymologies, et qui ne connoissent les langues que par un coup-d'œil rapide jetté sur quelques dictionnaires.


3°. Une étymologie probable exclut celles qui ne sont que possibles. Par cette raison, c'est une regle de critique presque sans exception, que toute étymologie étrangere doit être écartée, lorsque la décomposition du mot dans sa propre langue repond exactement à l'idée qu'il exprime : ainsi celui qui guidé par l'analogie de parabole, parallogisme, etc. chercheroit dans la préposition greque παρά l'origine de parasol et parapluie, se rendroit ridicule.


4°. Cette étymologie devroit être encore rebutée par une autre regle presque toûjours sûre, quoiqu'elle ne soit pas entierement générale : c'est qu'un mot n'est jamais composé de deux langues différentes, à moins que le mot étranger ne soit naturalisé par un long usage avant la composition ; ensorte que ce mot n'ait besoin que d'être prononcé pour être entendu : ceux même qui composent arbitrairement des mots scientifiques, s'assujettissent à cette regle, guidés par la seule analogie, si ce n'est lorsqu'ils joignent à beaucoup de pédanterie beaucoup d'ignorance ; ce qui arrive quelquefois : c'est pour cela que notre regle a quelques exceptions.


5°. Ce sera une très-bonne loi à s'imposer, si l'on veut s'épargner bien des conjectures frivoles, de ne s'arrêter qu'à des suppositions appuyées sur un certain nombre d'inductions, qui leur donnent déjà un commencement de probabilité, et les tirent de la classe trop étendue des simples possibles : ainsi quoiqu'il soit vrai en général que tous les peuples et toutes les langues se sont mêlés en mille manieres, et dans des tems inconnus, on ne doit pas se préter volontiers à faire venir de l'hébreu ou de l'arabe le nom d'un village des environs de Paris. La distance des tems et des lieux est toûjours une raison de douter ; et il est sage de ne franchir cet intervalle, qu'en s'aidant de quelques connoissances positives et historiques des anciennes migrations des peuples, de leurs conquêtes, du commerce qu'ils ont entretenu les uns chez les autres ; et au défaut de ces connoissances, il faut au moins s'appuyer sur des étymologies déjà connues, assez certaines, et en assez grand nombre pour établir un mélange des deux langues. D'après ces principes, il n'y a aucune difficulté à remonter du françois au latin, du tudesque au celtique, du latin au grec. J'admettrai plus aisément une étymologie orientale d'un mot espagnol, que d'un mot françois ; parce que je sai que les Phéniciens et sur-tout les Carthaginois, ont eu beaucoup d'établissemens en Espagne ; qu'après la prise de Jérusalem sous Vespasien, un grand nombre de Juifs furent transportés en Lusitanie, et que depuis toute cette contrée a été possédée par les Arabes.


6°. On puisera dans cette connoissance détaillée des migrations des peuples, d'excellentes regles de critique, pour juger des étymologies tirées de leurs langues, et apprécier leur vraisemblance : les unes seront fondées sur le local des établissemens du peuple ancien ; par exemple, les étymologies phéniciennes des noms de lieu seront plus recevables, s'il s'agit d'une côte ou d'une ville maritime, que si cette ville étoit située dans l'intérieur des terres : une étymologie arabe conviendra dans les plaines et dans les parties méridionales de l'Espagne ; on préférera pour des lieux voisins des Pyrenées, des étymologies latines ou basques.


7°. La date du mêlange des deux peuples, et du tems où les langues anciennes ont été remplacées par de nouvelles, ne sera pas moins utile ; on ne tirera point d'une racine celtique le nom d'une ville bâtie, ou d'un art inventé sous les rois francs.

 
      8°. On pourra encore comparer cette date à la quantité d'altération que le primitif aura dû souffrir pour produire le dérivé ; car les mots, toutes choses d'ailleurs égales, ont reçu d'autant plus d'altération qu'ils ont été transmis par un plus grand nombre de générations, et sur-tout que les langues ont essuyé plus de révolutions dans cet intervalle. Un mot oriental qui aura passé dans l'espagnol par l'arabe, sera bien moins éloigné de sa racine que celui qui sera venu des anciens Carthaginois.


9°. La nature de la migration, la forme, la proportion, et la durée du mêlange qui en a résulté, peuvent aussi rendre probables ou improbables plusieurs conjectures ; une conquête aura apporté bien plus de mots dans un pays, lorsqu'elle aura été accompagnée de transplantation d'habitans ; une possession durable, plus qu'une conquête passagere ; plus lorsque le conquérant a donné ses lois aux vaincus, que lorsqu'il les a laissés vivre selon leurs usages : une conquête en général, plus qu'un simple commerce. C'est en partie à ces causes combinées avec les révolutions postérieures, qu'il faut attribuer les différentes proportions dans le mêlange du latin, avec les langues qu'on parle dans les différentes contrées soûmises autrefois aux Romains ; proportions d'après lesquelles les étymologies tirées de cette langue auront, tout le reste égal, plus ou moins de probabilité ; dans le mêlange, certaines classes d'objets garderont les noms que leur donne le conquérant ; d'autres, celui de la langue des vaincus ; et tout cela dépendra de la forme du gouvernement, de la maniere dont l'autorité et la dépendance sont distribuées entre les deux peuples ; des idées qui doivent être plus ou moins familieres aux uns ou aux autres, suivant leur état, et les mœurs que leur donne cet état.


10°. Lorsqu'il n'y a eu entre deux peuples qu'une simple liaison sans qu'ils se soient mêlangés, les mots qui passent d'une langue dans l'autre sont le plus ordinairement relatifs à l'objet de cette liaison. La religion chrétienne a étendu la connoissance du latin dans toutes les parties de l'Europe, où les armes des Romains n'avoient pû pénétrer. Un peuple adopte plus volontiers un mot nouveau avec une idée nouvelle, qu'il n'abandonne les noms des objets anciens, auxquels il est accoûtumé. Une étymologie latine d'un mot polonois ou irlandois, recevra donc un nouveau degré de probabilité, si ce mot est relatif au culte, aux mysteres, et aux autres objets de la religion. Par la même raison, s'il y a quelques mots auxquels on doive se permettre d'assigner une origine phénicienne ou hébraïque, ce sont les noms de certains objets relatifs aux premiers arts et au commerce ; il n'est pas étonnant que ces peuples, qui les premiers ont commercé sur toutes les côtes de la Méditerranée, et qui ont fondé un grand nombre de colonies dans toutes les îles de la Grece, y ayent porté les noms des choses ignorées des peuples sauvages chez lesquels ils trafiquoient, et sur-tout les termes de commerce. Il y aura même quelques-uns de ces mots que le commerce aura fait passer des Grecs à tous les Européens, et de ceux-ci à toutes les autres nations. Tel est le mot de sac, qui signifie proprement en hébreu une étoffe grossiere, propre à emballer les marchandises. De tous les mots qui ne dérivent pas immédiatement de la nature, c'est peut-être le plus universellement répandu dans toutes les langues. Notre mot d'arrhes, arrhabon, est encore purement hébreu, et nous est venu par la même voie. Les termes de Commerce parmi nous sont portugais, hollandois, anglois, etc. suivant la date de chaque branche de commerce, et le lieu de son origine.


11°. On peut en généralisant cette derniere observation, établir un nouveau moyen d'estimer la vraisemblance des suppositions étymologiques, fondées sur le mélange des nations et de leurs langages ; c'est d'examiner quelle étoit au tems du mélange la proportion des idées des deux peuples ; les objets qui leur étoient familiers, leur maniere de vivre, leurs arts, et le degré de connoissance auquel ils étoient parvenus. Dans les progrès généraux de l'esprit humain, toutes les nations partent du même point, marchent au même but, suivent à-peu-près la même route ; mais d'un pas très-inégal. Nous prouverons à l'article LANGUES, que les langues dans tous les tems sont à-peu-près la mesure des idées actuelles du peuple qui les parle ; et sans entrer dans un grand détail, il est aisé de sentir qu'on n'invente des noms qu'à mesure qu'on a des idées à exprimer. Lorsque des peuples inégalement avancés dans leurs progrès se mêlent, cette inégalité influe à plusieurs titres sur la langue nouvelle qui se forme du mêlange. La langue du peuple policé plus riche, fournit au mélange dans une plus grande proportion, et le teint, pour ainsi dire, plus fortement de sa couleur : elle peut seule donner les noms de toutes les idées qui manquoient au peuple sauvage. Enfin l'avantage que les lumieres de l'esprit donnent au peuple policé, le dédain qu'elles lui inspirent pour tout ce qu'il pourroit emprunter des barbares, le goût de l'imitation que l'admiration fait naître dans ceux-ci, changent encore la proportion du mêlange en faveur de la langue policée, et contrebalancent souvent toutes les autres circonstances favorables à la langue barbare, celle même de la disproportion du nombre entre les anciens et les nouveaux habitans. S'il n'y a qu'un des deux peuples qui sache écrire, cela seul donne à sa langue le plus prodigieux avantage ; parce que rien ne fixe plus les impressions des mots dans la mémoire, que l'écriture. Pour appliquer cette considération générale, il faut la détailler ; il faut comparer les nations aux nations sous les différens points de vûe que nous offre leur histoire, apprécier les nuances de la politesse et de la barbarie. La barbarie des Gaulois n'étoit pas la même que celle des Germains, et celle-ci n'étoit pas la barbarie des Sauvages d'Amérique ; la politesse des anciens Tyriens, des Grecs, des Européens modernes, forment une gradation aussi sensible ; les Mexicains barbares, en comparaison des Espagnols (je ne parle que par rapport aux lumieres de l'esprit), étoient policés par rapport aux Caraibes. Or l'inégalité d'influence des deux peuples dans le mélange des langues, n'est pas toûjours relative à l'inégalité réelle des progrès, au nombre des pas de l'esprit humain, et à la durée des siecles interposés entre un progrès et un autre progrès ; parce que l'utilité des découvertes, et sur-tout leur effet imprévû sur les mœurs, les idées, la maniere de vivre, la constitution des nations et la balance de leurs forces, n'est en rien proportionnée à la difficulté de ces découvertes, à la profondeur qu'il faut percer pour arriver à la mine et au tems nécessaire pour y parvenir : qu'on en juge par la poudre et l'imprimerie. Il faut donc suivre la comparaison des nations dans un détail plus grand encore, y faire entrer la connoissance de leurs arts respectifs, des progrès de leur éloquence, de leur philosophie, etc. voir quelle sorte d'idées elles ont pû se préter les unes aux autres, diriger et apprécier ses conjectures d'après toutes ces connoissances, et en former autant de regles de critique particulieres.


12°. On veut quelquefois donner à un mot d'une langue moderne, comme le françois, une origine tirée d'une langue ancienne, comme le latin, qui, pendant que la nouvelle se formoit, étoit parlée et écrite dans le même pays en qualité de langue savante. Or il faut bien prendre garde de prendre pour des mots latins, les mots nouveaux, auxquels on ajoûtoit des terminaisons de cette langue ; soit qu'il n'y eût véritablement aucun mot latin correspondant, soit plûtôt que ce mot fût ignoré des écrivains du tems. Faute d'avoir fait cette legere attention, Ménage a dérivé marcassin de marcassinus, et il a perpétuellement assigné pour origine à des mots françois de prétendus mots latins, inconnus lorsque la langue latine étoit vivante, et qui ne sont que ces mêmes mots françois latinisés par des ignorans : ce qui est en fait d'étymologie, un cercle vicieux.


13°. Comme l'examen attentif de la chose dont on veut expliquer le nom, de ses qualités, soit absolues, soit relatives, est une des plus riches sources de l'invention ; il est aussi un des moyens les plus sûrs pour juger certaines étymologies : comment fera-t-on venir le nom d'une ville, d'un mot qui signifie pont, s'il n'y a point de riviere ? M. Freret a employé ce moyen avec le plus grand succès dans sa dissertation sur l'étymologie de la terminaison celtique dunum, où il réfute l'opinion commune qui fait venir cette terminaison d'un prétendu mot celtique et tudesque, qu'on veut qui signifie montagne. Il produit une longue énumération des lieux, dont le nom ancien se terminoit ainsi : Tours s'appelloit autrefois Caesarodunum ; Leyde, Lugdunum Batavorum ; Tours et Leyde sont situés dans des plaines. Plusieurs lieux se sont appellés Uxellodunum, et uxel signifioit aussi montagne ; ce seroit un pléonasme. Le mot de Noviodunum, aussi très-commun, se trouve donné à des lieux situés dans des vallées ; ce seroit une contradiction.


14°. C'est cet examen attentif de la chose qui peut seul éclairer sur les rapports et les analogies que les hommes ont dû saisir entre les différentes idées, sur la justesse des métaphores et des tropes, par lesquels on a fait servir les noms anciens à désigner des objets nouveaux. Il faut l'avoüer, c'est peut-être par cet endroit que l'art étymologique est le plus susceptible d'incertitude. Très-souvent le défaut de justesse et d'analogie ne donne pas droit de rejetter les étymologies fondées sur des métaphores ; je crois l'avoir dit plus haut, en traitant de l'invention : il y en a sur-tout deux raisons ; l'une est le versement d'un mot, si j'ose ainsi parler, d'une idée principale sur l'accessoire ; la nouvelle extension de ce mot à d'autres idées, uniquement fondée sur le sens accessoire sans égard au primitif, comme quand on dit un cheval ferré d'argent ; et les nouvelles métaphores entées sur ce nouveau sens, puis les unes sur les autres, au point de présenter un sens entierement contradictoire avec le sens propre. L'autre raison qui a introduit dans les langues des métaphores peu justes, est l'embarras où les hommes se sont trouvés, pour nommer certains objets qui ne frappoient en rien le sens de l'oüie, et qui n'avoient avec les autres objets de la nature, que des rapports très-éloignés. La nécessité est leur excuse. Quant à la premiere de ces deux especes de métaphores si éloignées du sens primitif, j'ai déjà donné la seule regle de critique sur laquelle on puisse compter ; c'est de ne les admettre que dans le seul cas où tous les changemens intermédiaires sont connus ; elle resserre nos jugemens dans des limites bien étroites, mais il faut bien les resserrer dans les limites de la certitude. Pour ce qui regarde les métaphores produites par la nécessité, cette nécessité même nous procurera un secours pour les vérifier : en effet, plus elle a été réelle et pressante, plus elle s'est fait sentir à tous les hommes, plus elle a marqué toutes les langues de la même empreinte. Le rapprochement des tours semblables dans plusieurs langues très-différentes, devient alors une preuve que cette façon détournée d'envisager l'objet, étoit aussi nécessaire pour pouvoir lui donner un nom, qu'elle semble bizarre au premier coup-d'œil. Voici un exemple assez singulier, qui justifiera notre regle. Rien ne paroît d'abord plus étonnant que de voir le nom de pupilla, petite fille, diminutif de pupa, donné à la prunelle de l'œil. Cette étymologie devient indubitable par le rapprochement du grec κόρη, qui a aussi ces deux sens, et de l'hébreu bath-ghnaïn, la prunelle, et mot pour mot la fille de l'œil : à plus forte raison ce rapprochement est-il utile pour donner un plus grand degré de probabilité aux étymologies, fondées sur des métaphores moins éloignées. La tendresse maternelle est peut-être le premier sentiment que les hommes ayent eu à exprimer ; et l'expression en semble indiquée par le mot de mama ou ama, le plus ancien mot de toutes les langues. Il ne seroit pas extraordinaire que le mot latin amare en tirât son origine. Cette opinion devient plus vraisemblable, quand on voit en hébreu le même mot amma, mere, former le verbe amam, amavit ; et il est presque porté jusqu'à l'évidence, quand on voit dans la même langue rekhem, uterus, former le verbe rakham, vehementer amavit.


15°. L'altération supposée dans les sons, forme seule une grande partie de l'art étymologique, et mérite aussi quelques considérations particulieres. Nous avons déjà dit (.) que l'altération du dérivé augmentoit à mesure que le tems l'éloignoit du primitif, et nous avons ajoûté, toutes choses d'ailleurs égales, parce que la quantité de cette altération dépend aussi du cours que ce mot a dans le public. Il s'use, pour ainsi dire, en passant dans un plus grand nombre de bouches, sur-tout dans la bouche du peuple, et la rapidité de cette circulation équivaut à une plus longue durée ; les noms des saints et les noms de baptême les plus communs en sont un exemple ; les mots qui reviennent le plus souvent dans les langues, tels que les verbes être, faire, vouloir, aller, et tous ceux qui servent à lier les autres mots dans le discours, sont sujets à de plus grandes altérations ; ce sont ceux qui ont le plus besoin d'être fixés par la langue écrite. Le mot inclinaison dans notre langue, et le mot inclination, viennent tous deux du latin inclinatio. Mais le premier qui a gardé le sens physique est plus ancien dans la langue ; il a passé par la bouche des Arpenteurs, des Marins, etc. Le mot inclination nous est venu par les philosophes scholastiques, et a souffert moins d'altérations. On doit donc se préter plus ou moins à l'altération supposée d'un mot, suivant qu'il est plus ancien dans la langue, que la langue étoit plus ou moins formée, étoit sur-tout ou n'étoit pas fixée par l'écriture lorsqu'il y a été introduit ; enfin suivant qu'il exprime des idées d'un usage plus ou moins familier, plus ou moins populaire.


16°. C'est par le même principe que le tems et la fréquence de l'usage d'un mot se compensent mutuellement pour l'altérer dans le même degré. C'est principalement la pente générale que tous les mots ont à s'adoucir ou à s'abréger qui les altere. Et la cause de cette pente est la commodité de l'organe qui les prononce. Cette cause agit sur tous les hommes : elle agit d'une maniere insensible, et d'autant plus que le mot est plus répeté. Son action continue, et la marche des altérations qu'elle a produites, a dû être et a été observée. Une fois connue, elle devient une pierre de touche sûre pour juger d'une foule de conjectures étymologiques ; les mots adoucis ou abregés par l'euphonie ne retournent pas plus à leur premiere prononciation que les eaux ne remontent vers leur source. Au lieu d'obtinere, l'euphonie a fait prononcer optinere ; mais jamais à la prononciation du mot optare, on ne substituera celle d'obtare. Ainsi dans notre langue, ce qui se prononçoit comme exploits, tend de jour en jour à se prononcer comme succès, mais une étymologie où l'on feroit passer un mot de cette derniere prononciation à la premiere ne seroit pas recevable.


17°. Si de ce point de vûe général on veut descendre dans les détails, et considérer les différentes suites d'altérations dans tous les langages que l'euphonie produisoit en même tems, et en quelque sorte parallelement les unes aux autres dans toutes les contrées de la terre ; si l'on veut fixer aussi les yeux sur les différentes époques de ces changemens, on sera surpris de leur irrégularité apparente. On verra que chaque langue et dans chaque langue chaque dialecte, chaque peuple, chaque siecle, changent constamment certaines lettres en d'autres lettres, et se refusent à d'autres changemens aussi constamment usités chez leurs voisins. On conclura qu'il n'y a à cet égard aucune regle générale. Plusieurs savans, et ceux en particulier qui ont fait leur étude des langues orientales, ont, il est vrai, posé pour principe que les lettres distinguées dans la grammaire hébraïque et rangées par classes sous le titre de lettres des mêmes organes, se changent réciproquement entr'elles, et peuvent se substituer indifféremment les unes aux autres dans la même classe ; ils ont affirmé la même chose des voyelles, et en ont disposé arbitrairement, sans-doute parce que le changement des voyelles est plus fréquent dans toutes les langues que celui des consonnes, mais peut-être aussi parce qu'en hébreu les voyelles ne sont point écrites. Toutes ces observations ne sont qu'un système, une conclusion générale de quelques faits particuliers démentie, par d'autres faits en plus grand nombre. Quelque variable que soit le son des voyelles, leurs changemens sont aussi constans dans le même tems et dans le même lieu que ceux des consonnes ; les Grecs ont changé le son ancien de l'n et de l'u en i ; les Anglois donnent, suivant les regles constantes, à notre a l'ancien son de l'hêta des Grecs : les voyelles font comme les consonnes partie de la prononciation dans toutes les langues, et dans aucune langue la prononciation n'est arbitraire parce qu'en tous lieux on parle pour être entendu. Les Italiens sans égard aux divisions de l'alphabet hébreu qui met l'ïod au rang des lettres du palais, et l'l au rang des lettres de la langue, changent l'l précédé d'une consonne en ï tréma ou mouillé foible qui se prononce comme l'ïod des Hébreux : platea, piazza, blanc, bianco. Les Portugais dans les mêmes circonstances changent constamment cet l en r, branco. Les François ont changé ce mouillé foible ou i en consonne des Latins, en notre j consonne, et les Espagnols en une aspiration gutturale. Ne cherchons donc point à ramener à une loi fixe des variations multipliées à l'infini dont les causes nous échappent : étudions-en seulement la succession comme on étudie les faits historiques. Leur variété connue, fixée à certaines langues, ramenée à certaines dates, suivant l'ordre des lieux et des tems, deviendra une suite de piéges tendus à des suppositions trop vagues, et fondées sur la simple possibilité d'un changement quelconque. On comparera ces suppositions au lieu et au tems, et l'on n'écoutera point celui qui, pour justifier dans une étymologie Italienne un changement de l'l latin précédé d'une consonne en r, allégueroit l'exemple des Portugais et l'affinité de ces deux sons. La multitude des regles de critique qu'on peut former sur ce plan, et d'après les détails que fournira l'étude des grammaires, des dialectes et des révolutions de chaque langue, est le plus sûr moyen pour donner à l'art étymologique toute la solidité dont il est susceptible ; parce qu'en général la meilleure méthode pour assûrer les résultats de tout art conjectural, c'est d'éprouver toutes ses suppositions en les rapprochant sans-cesse d'un ordre certain de faits très-nombreux et très-variés.


18°. Tous les changemens que souffre la prononciation ne viennent pas de l'euphonie. Lorsqu'un mot, pour être transmis de génération en génération, passe d'un homme à l'autre, il faut qu'il soit entendu avant d'être répeté ; et s'il est mal-entendu, il sera mal répeté : voilà deux organes et deux sources d'altération. Je ne voudrois pas décider que la différence entre ces deux sortes d'altérations puisse être facilement apperçue. Cela dépend de savoir à quel point la sensibilité de notre oreille est aidée par l'habitude où nous sommes de former certains sons, et de nous fixer à ceux que la disposition de nos organes rend plus faciles (voyez OREILLE) : quoi qu'il en soit, j'insérerai ici une réflexion qui, dans le cas où cette différence pourroit être apperçue, serviroit à distinguer un mot venu d'une langue ancienne ou étrangere d'avec un mot qui n'auroit subi que ces changemens insensibles que souffre une langue d'une génération à l'autre, et par le seul progrès des tems. Dans ce dernier cas c'est l'euphonie seule qui cause toutes les altérations. Un enfant naît au milieu de sa famille et de gens qui savent leur langue. Il est forcé de s'étudier à parler comme eux. S'il entend, s'il répete mal, il ne sera point compris, ou bien on lui fera connoître son erreur, et à la longue il se corrigera. C'est au contraire l'erreur de l'oreille qui domine et qui altere le plus la prononciation, lorsqu'une nation adopte un mot qui lui est étranger, et lorsque deux peuples différens confondent leurs langages en se mêlant. Celui qui ayant entendu un mot étranger le répete mal, ne trouve point dans ceux qui l'écoutent de contradicteur légitime, et il n'a aucune raison pour se corriger.


19°. Il résulte de tout ce que nous avons dit dans le cours de cet article, qu'une étymologie est une supposition ; qu'elle ne reçoit un caractere de vérité et de certitude que de sa comparaison avec les faits connus ; du nombre des circonstances de ces faits qu'elle explique ; des probabilités qui en naissent, et que la critique apprécie. Toute circonstance expliquée, tout rapport entre le dérivé et le primitif supposé produit une probabilité, aucun n'est exclus ; la probabilité augmente avec le nombre des rapports, et parvient rapidement à la certitude. Le sens, le son, les consonnes, les voyelles, la quantité, se prêtent une force réciproque. Tous les rapports ne donnent pas une égale probabilité. Une étymologie qui donneroit d'un mot une définition exacte, l'emporteroit sur celle qui n'auroit avec lui qu'un rapport métaphorique. Des rapports supposés d'après des exemples, cédent à des rapports fondés sur des faits connus, les exemples indéterminés aux exemples pris des mêmes langues et des mêmes siecles. Plus on remonte de degrés dans la filiation des étymologies, plus le primitif est loin du dérivé ; plus toutes les ressemblances s'alterent, plus les rapports deviennent vagues et se réduisent à de simples possibilités, plus les suppositions sont multipliées. Chacune est une source d'incertitude ; il faut donc se faire une loi de ne s'en permettre qu'une à la fois, et par conséquent de ne remonter de chaque mot qu'à son étymologie immédiate ; ou bien il faut qu'une suite de faits incontestables remplisse l'intervalle entre l'un et l'autre, et dispense de toute supposition. Il est bon en général de ne se permettre que des suppositions déjà rendues vraisemblables par quelques inductions. On doit vérifier par l'histoire des conquêtes et des migrations des peuples, du commerce, des arts, de l'esprit humain en général, et du progrès de chaque nation en particulier, les étymologies qu'on établit sur les mêlanges des peuples et des langues ; par des exemples connus, celles qu'on tire des changemens du sens, au moyen des métaphores ; par la connoissance historique et grammaticale de la prononciation de chaque langue et de ses révolutions, celles qu'on fonde sur les altérations de la prononciation : comparer toutes les étymologies supposées, soit avec la chose nommée, sa nature, ses rapports et son analogie avec les différens êtres, soit avec la chronologie des altérations successives, et l'ordre invariable des progrès de l'euphonie. Rejetter enfin toute étymologie contredite par un seul fait, et n'admettre comme certaines que celles qui seront appuyées sur un très-grand nombre de probabilités réunies.


20°. Je finis ce tableau raccourci de tout l'art étymologique par la plus générale des regles, qui les renferme toutes ; celle de douter beaucoup. On n'a point à craindre que ce doute produise une incertitude universelle ; il y a, même dans le genre étymologique, des choses évidentes à leur maniere ; des dérivations si naturelles, qui portent un air de vérité si frappant, que peu de gens s'y refusent. A l'égard de celles qui n'ont pas ces caracteres, ne vaut-il pas beaucoup mieux s'arrêter en-deçà des bornes de la certitude, que d'aller au-delà ? Le grand objet de l'art étymologique n'est pas de rendre raison de l'origine de tous les mots sans exception, et j'ose dire que ce seroit un but assez frivole. Cet art est principalement recommandable en ce qu'il fournit à la Philosophie des matériaux et des observations pour élever le grand édifice de la théorie générale des langues ; or pour cela il importe bien plus d'employer des observations certaines, que d'en accumuler un grand nombre. J'ajoûte qu'il seroit aussi impossible qu'inutile de connoître l'étymologie de tous les mots : nous avons vû combien l'incertitude augmente dès qu'on est parvenu à la troisieme ou quatrieme étymologie, combien on est obligé d'entasser de suppositions, combien les possibilités deviennent vagues ; que seroit-ce si l'on vouloit remonter au-delà ? et combien cependant ne serions-nous pas loin encore de la premiere imposition des noms ? Qu'on refléchisse à la multitude de hasards qui ont souvent présidé à cette imposition ; combien de noms tirés de circonstances étrangeres à la chose, qui n'ont duré qu'un instant, et dont il n'a resté aucun vestige. En voici un exemple : un prince s'étonnoit en traversant les salles du palais, de la quantité de marchands qu'il voyoit. Ce qu'il y a de plus singulier, lui dit quelqu'un de sa suite, c'est qu'on ne peut rien demander à ces gens là, qu'ils ne vous le fournissent sur le champ, la chose n'eût-elle jamais existé. Le prince rit ; on le pria d'en faire l'essai : il s'approcha d'une boutique, et dit : Madame, vendez-vous des…. des falbalas ? La marchande, sans demander l'explication d'un mot qu'elle entendoit pour la premiere fois, lui dit : oui, Monseigneur, et lui montrant des prétintailles et des garnitures de robes de femme ; voilà ce que vous demandez ; c'est cela même qu'on appelle des falbalas. Ce mot fut répeté, et fit fortune. Combien de mots doivent leur origine à des circonstances aussi legeres, et aussi propres à mettre en défaut toute la sagacité des étymologistes ? Concluons de tout ce que nous avons dit, qu'il y a des étymologies certaines, qu'il y en a de probables, et qu'on peut toûjours éviter l'erreur, pourvû qu'on se résolve à beaucoup ignorer.

Anne-Robert Turgot
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