La prononciation offre ici le même cas pathologique que pour
grief ; elle représente par deux syllabes une syllabe unique du latin. En effet
groin
vient de
grun-nire, qui a donné
grogn-er, où
grogn est monosyllabique comme cela doit être.
La vieille langue n'avait pas, bien entendu, cette faute ; elle était trop près de l'origine pour se méprendre. Mais ici, comme dans
grief,
l'
r a fait sentir son influence ; la difficulté d'énoncer monosyllabiquement ce mot a triomphé des lois étymologiques, et le
grun
latin est devenu le disyllabe
groin. Je regrette, en ceci du moins, que le spiritisme n'ait aucune réalité, car j'aurais évoqué un Français
du douzième siècle, et l'aurais prié d'articuler
groin près de mon oreille. Faute de cela, la prononciation monosyllabique de
groin
reste, pour moi du moins, un problème.