Ce verbe, par son étymologie germanique, a le sens de paître, qu'il a conservé en termes de chasse, et dans
gagnage qui veut dire pâturage.
La langue d'oïl, du sens rural de paître, a passé à l'acception rurale aussi de labourer ; puis le profit fait par la culture s'est dans
gagner
généralisé à signifier toute sorte de profits, seul sens resté en usage. La même déviation de signification se voit dans le provençal
gazanhar
et l'italien
guadagnare. Cette déviation mérite d'être notée à cause du fait parallèle que la langue latine présente :
le latin
pecunia, qui signifie argent monnayé, est originairement un terme rural, par
pecus, mouton, bête de campagne. Le
mot latin nous reporte à un temps très ancien où, dans la vieille Italie, les troupeaux faisaient la principale richesse.
Gagner est d'une époque
beaucoup moins reculée ; pourtant lui aussi représente un état de choses où la paissance tient un haut rang dans la fortune des hommes ; c'est que l'invasion
germanique, à laquelle le mot
gagner appartient, avait reproduit quelqu'une des conditions d'une société pastorale.